samedi 28 juin 2008

Et après vous allez dire que je chiâle tout le temps.

J'sais pas si vous avez remarqué--alcooliques que vous êtes--mais y a un nouveau concept "écolo" à la SAQ depuis quelques semaines, et ça s'appelle la caisse verte. Une caisse environnement-friendly où le caissier ne donne plus de sacs de papier ou de plastique, du tout, niet, nada. Si vous passez à cette caisse, z'avez trois options: ou bien vous achetez un sac réutilisable, ou bien vous attendez qu'une autre caisse se libère, ou bien vous vous débrouillez avec vos affaires. C'est supposément pour aller plus vite, pour que ceux qui ont la bienfaisante idée de trimballer leur sac soient mieux servis.

J'suis pas contre, mais bordel que c'est pas pratique. J'ai une autonomie d'environ deux heures à la caisse verte, et après je craque.

La plupart du monde qui débarquent à la caisse verte et qui s'y voient refuser l'accès ont un petit sourire mal à l'aise et changent de caisse. Par contre, une fois de temps en temps, y a le maudit grincheux qui trouve le concept aberrant pis qui décide de vous le faire savoir. Je comprends que c'est un peu idiot d'interdire les sacs d'un bord du muret, pis que l'autre bord y en ait à profusion. Y a rien qui empêche personne de passer à la caisse verte, de se faire donner le gentil cinq cennes du client écolo, pis ensuite de passer dare-dare à l'autre caisse et de piquer un sac en papier (je marque dix points pour avoir glissé "dare-dare" dans une phrase). J'ai fait la gaffe de réprimander des clients après qu'ils aient fait ça, et ils ont ri de moi, et j'ai eu l'air con.

J'peux pas m'empêcher de me sentir un peu nowhere de dire "Avez-vous besoin d'un sac? Oui? Ah ben, dans ce cas, j'vous demanderais de passer aux caisses de mes collègues, parce que moi, j'en donne pus, voyez-vous, j'suis la caisse verte..."

Ce qui m'amène aux raisons épaisses que certains clients trouvent pour se justifier. Tsé, j'm'en fous, là, prenez-en vingt-huit si vous voulez, mais recyclez-les, les sacs. J'en ai rien à foutre que vous vous en serviez pour vos lunchs ou pour les cacas de vos chiens (apparemment que les sacs de plastique rouges sont l'idéal pour les crottes de chien, avis aux intéressés). C'est la même chose pour les clients qui refusent de goûter les produits en dégustation; c'est correct de refuser, mais s'il-vous-plaît, n'essayez pas de vous excuser gentiment (les classiques: je viens de me brosser les dents/manger de la gomme; il est trop tôt pour boire; non merci, je conduis?!).

Des fois, on a droit à un client qui a juste pas vraiment de bonne raison mais qui essaie pareil, du genre:

"Heille, j'peux-tu avoir un sac de plastique, parce que j'vais monter des marches."

Ayoye, t'es pas sérieux, man? J'vais te le doubler debord.

Mais tantôt, j'ai eu le plaisir d'en entendre une nouvelle du même style, mais encore mieux:

"Tu peux-tu me mettre la bouteille dans un sac de papier et un sac de plastique? Parce qu'on va aller se promener sur la rue."

Y a du monde que je comprendrai jamais.

vendredi 13 juin 2008

C'est l'histoire de Joe Lamarde qui n'aimait pas son nom.

C'est de circonstance: pas plus tard qu'hier, Cab me demandait de l'aider à trouver un prénom pour un de ses personnages. Je me suis lancée dans une grande recherche du nom le plus original et j'suis d'ailleurs tombée sur d'étranges phénomènes (notamment Argitxu, Azkanouche, Chantaloun, Marcienne, Pomme, Ver et Zvarte, pour n'en nommer que quelques-uns), et sur d'autres moins hideux mais non moins exotiques. Ça m'a fait réfléchir aux prénoms que j'oserais donner à mes flots. Si j'ai une fille, je penche pour Alice, Florence, Lorraine, Margot, Marine, Marion, et si c'est un garçon, Arnaud (c'est le seul nom sur lequel j'me suis entendue avec mon chum jusqu'à date). Bon, j'ai peut-être des tendances un peu parisiennes. Ce qui m'amène à mon anecdote du jour.

À la job, tantôt, je passe à ma caisse un jeune papa avec son bébé garçon qu'il asseoit sur mon comptoir. Le bonhomme paie avec sa carte de crédit, donc je lis son nom (il avait un nom des plus ordinaires, genre Sylvain Croteau). Le bébé essaie de ramasser une bouteille, et soudainement le père s'exclame: "Non, touche pas à ça, Clinton!"

Attendez, là. Clinton Croteau?

C't'une farce? La mère était trop pognée sur What Not To Wear ou quoi? Y a du monde qui devraient apprendre que tous les noms anglais (ou autres, dans le fond) ne sonnent pas nécessairement bien en gros français québécois, et surtout pas avec un nom de famille aussi typiquement gras. Ça serait comme s'appeler Britney Tremblay, Jake Lévesque ou Scott Turcotte. Y a ben des limites.

J'ai failli m'appeler Ninon et ma soeur, Bernadette. Mes parents sont des hippies.

J'ai un p'tit parallèle à faire avec mon dernier post, sur le marketing douteux des bars dans Hochelaga-Maisonneuve... un de mes collègues en a trouvé un bon exemple sur les bouteilles nouvellement revampées de Noilly Prat:



Sérieux. Kosséssa? Un attrape-nigauds? Comme ça, ils sont sûrs de garder leur clientèle de p'tits vieux fidèles (y a que les vieux qui boivent ça, anyway), qui voudraient pas que la recette change, mais ils essaient d'attirer des p'tits nouveaux? C'est vraiment n'importe quoi! Comment ont-ils fait pour pas se rendre compte de l'énorme contradiction sur deux lignes de texte? Être l'imprimeur, je rirais en crisse. Comme cliente, je braille un peu.

dimanche 8 juin 2008

Sur la rue Sainte-Catherine, j'ai pris un verre de gin...

Ah, l'été, ses canicules, ses orages, sa crème glacée... et, l'aspect que j'aime le plus (sic), les seins dénudés. Ça fait deux journées chaudes qu'on a, et j'ai pas compté le nombre de demi-mamelons que j'ai eu la chance (?) d'apercevoir à ma job, à peine retenus par une robe-soleil portée sans soutien-gorge, ça va de soi. C'est correct, vouloir s'aérer les clavicules, mais de là à s'exhiber le sternum jusqu'au nombril, y a bien des limites. Y en avait d'ailleurs un beau spécimen dans l'autobus, en revenant sur Sainte-Catherine, une grosse cheap d'Hochelaga-Maisonneuve avec trente-deux bourrelets, des tatouages de pattes sur les seins et un flot tout nu et collant dans son carosse. Je les ai eus dans le champ de vision tout le trajet, et j'ai pas arrêté de me demander comment on pouvait laisser enfanter une horreur de même. Y était pas laid, le bébé (du moins, pas encore). Mais avec une mère aussi articulée et bien mise, y s'en sortira pas, le pauvre.

Parlant de seins, j'attendais l'autobus après la job (j'ai dû attendre à peu près vingt-cinq autobus aujourd'hui) et j'ai vu passer tout un phénomène, dont j'ignorais même l'existence vu sa rareté: une p'tite vieille implantée mammairement. Une vraie p'tite vieille, là, d'au moins soixante-quinze ans, la peau trop bronzée et un espace de deux pouces entre les seins, bien remontés et dégagés par un décolleté plongeant. Le pire, c'est qu'elle était habillée en grand-mère pareil, j'aurais vu la mienne porter ce qu'elle avait, le décolleté en moins, c'est sûr--mais ça avait de quoi d'extrêmement dérangeant et fascinant que de voir une grand-mère avec des faux seins. Ils avaient l'air en bon état. C'est à se demander s'ils étaient frais faits, ou bien si c'est juste comme ça que ça vieillit. Peut-être que la gravité a aucune emprise sur le silicone?

Pour joindre à la thématique des chaleurs, j'ai finalement fini par finir mon dessin, et j'ai décidé que ça se passait au Mexique.



C'est loin d'être parfait... l'ombre est probablement très étrange, mais j'aime bien le look général. C'est la première fois que je bâtis un fond sans rien, comme ça, juste avec des photos et du Photoshoppage. C'est pas terrible. Le texte en arrière, c'est "souliers cheap à vendre" passé au Babelfish, ça a l'air que ça se dit "zapatos baratos para la venta" en espagnol. Aucune idée si c'est grammaticalement correct, probablement pas, même, mais ça sonne chaud, c'est l'essentiel. C'est un fond d'écran panoramique, hein; avis aux intéressés.

Ah, Hochelag. Pour conclure ce post en beauté, j'ai cru bon de vous faire part de quelques enseignes de bars suspectes que j'ai aperçues en longeant la rue Sainte-Catherine, notamment le bar Le Bureau, coin Desjardins, illustré d'une jolie chaise à roulettes, d'un tampon buvard et d'un stylo--je sais pas si tous les hommes d'affaires du coin (si affaires il y a) se ramassent là, mais ça doit être joyeux en maudit. Y a aussi le bar Chez Françoise, vers Joliette, où ils semblent bien fiers de faire la propagande de leurs trois principaux atouts: Bière en fût, Karaoké et Guichet automatique. J'sais pas vous, mais le guichet automatique est particulièrement alléchant, surtout que y a une caisse Desjardins de l'autre bord de la rue. Et, finalement, le super pub Chez Robert, où il est stipulé qu'on peut réserver la place pour toutes nos occasions spéciales, Réceptions, soupers et divorces. Sérieux. J'sais pas c'est qui le p'tit casse en charge du marketing, mais j'suis sûre qu'il se trouve ben drôle.

dimanche 1 juin 2008

L'annonceur annoncé. Ah non, je lui fais de la pub, moi là?

J'aime pas la radio. On dirait que, parce qu'il y a pas d'images à regarder, les animateurs se sentent obligés de parler comme des tarés pour être sûrs qu'ils perdent pas notre attention. Ça m'énerve royalement. Prenez CISM (89,3FM), par exemple--la radio universitaire de l'Université de Montréal. J'ai rien contre eux, j'apprécie leur désir insatiable de faire découvrir aux autres la musique underground... je vais même passer outre le fait qu'aucun des animateurs a une voix radiophonique (ils se rendent pas compte que ça prend un certain timbre pour pas faire dur, mais bon). Bref--le samedi après-midi, c'est la journée latino. Entre chaque toune, ils passent des annonces de fiestas à la sud-américaine dans les clubs de Montréal, durant lesquelles des mots espagnols succèdent aux phrases punchées en français. Eh bien, ils prennent le même gars pour toutes les annonces. Sans rire. Une espèce de surexcité qui appuie trop sur certaines syllabes sans justification, qui rajoute un "e" à toutes ses fins de phrase et qui me rend extrêmement irritable.

"Venez chez Copacabanaaaaa! La fiestaaaaa la plus chaude à Montréaleuh! Visitez le site www.fiestalatinaaaaa.comeuh!"

Une annonce, au pire, ça passe, mais qu'ils recyclent le même mongol à toutes les sauces, ça rend fou. J'imagine trop sa tronche de bronzé PG-13 avec ses dents blanches, ses muscles shinés pis ses vingt-cinq pouces de gel, se dandinant comme les journalistes de Radio-Canada trop concentrés sur leur débit de paroles.

Remarquez, les autres postes de radio sont pas mieux, en passant par CKOI (96,9FM) qui dégouline de sébum (je sais, c'est dégueulasse comme métaphore) à Rythme FM (105,7FM) qui passe que des horreurs de bonne femme. Le seul poste qui me fait pas trop chier, c'est CHOM (97,7FM), et ça c'est parce qu'ils font jouer les mêmes affaires depuis 30 ans, ils commencent à être habitués faut croire. Mais techniquement, on a pas le droit de faire jouer CHOM à ma job (parce que j'écoute seulement la radio à ma job), parce que c'est en anglais, et qu'il y a des clients qui se plaignent. Faut être légèrement crinqué pour trouver ça dérangeant, je trouve. Mis à part les commentaires, la musique, que ça soit en français, en anglais ou en tchétchène, ça reste de la musique, bâtard.

Pour continuer à parler de job (j'ai pas de vie autre que celle de la SAQ, que voulez-vous), l'autre jour, mes collègues et moi avons fait une étude importante: nous avons calculé le temps qu'une cliente régulière prenait pour acheter son vin. Je l'ai affectueusement baptisée "la vieille folle", même si elle est pas si vieille que ça (mi-cinquantaine, gros maximum), parce qu'elle se parle tuseule et qu'il faut vraiment pas que t'ailles la voir, sinon elle t'accroche et te jase pendant des heures. Voici notre compte-rendu de la situation.

8:30PM: Elle marche devant la vitrine, mais avant d'entrer, elle se met à placotter avec le quêteux. Fait important à noter: elle m'a déjà dit qu'elle haïssait donc les quêteux. Peut-être qu'elle s'engueulait avec.
8:43PM: Elle entre. Elle s'arrête immédiatement devant les vins français, où elle passera le reste du temps en succursale à regarder les trois mêmes bouteilles.
9:17PM: Elle passe à ma caisse. Je lui parle pas vraiment. Faut surtout pas s'engager dans une conversation...
9:19PM: Fin de la transaction. Elle procède alors à la reconfiguration du contenu de ses milliers de sacs, comme toujours.
9:24PM: Après avoir passé de longues minutes à lire les p'tits flyers à la sortie, elle quitte le magasin.

Attendez, là. C'est quasiment une heure tout ça! Ça doit être toute une aventure faire son épicerie. À ce rythme-là, est aussi bien de réserver sa caissière à l'avance.