Je vis, je vis. J'ai passé une semaine affreuse à faire des devoirs jusqu'à deux heures du matin tous les soirs, mais là j'en vois le bout, et je pense bien que la semaine prochaine sera relax... après je tombe dans la production de mon prochain mini-film... urgh.
Cette année, y a un truc de différent, on fait plusieurs très courts films--quatre, pour être plus précise. On a à peu près un mois et demi pour faire chaque film. C'est horrible. Je sais pas comment quiconque peut réussir à faire de quoi de potable en un mois et demi, sérieux. Le film doit avoir l'air fini et cohérent, et avoir une trame sonore mixée, et tout. De la folie pure!
Voilà donc le premier des quatre mini-films, que j'ai intitulé avec amour 14 heures de route sous le soleil.
On avait beaucoup de contraintes techniques pour cet exercice: fallait prendre d'immenses feuilles de papier et barbouiller dessus avec de la peinture noire, on devait découper les bouts qui nous intéressaient, les scanner, ensuite choisir une toune atonale électroacoustique (tout-à-fait mon genre) parmi les six ou sept qui nous étaient imposées, et assembler le tout pour que ça ait l'air de bouger comme du monde. On avait pas le droit de retoucher les images dans Photoshop ni de se servir de layers, rien. Que du montage! Bref, on a tous pas mal fini avec le même résultat.
Moi, l'abstrait, c'est vraiment pas ma tasse de thé. J'veux dire, y a des sortes d'abstrait qui me plaisent, tant et aussi longtemps que je vois le travail qui a été mis dedans. Si ça a juste l'air d'être des sploushes de peinture aléatoires, que ça soit sur une toile ou en animation (surtout en animation, en fait), ça m'insulte plus qu'autre chose. C'est l'éternelle phrase "n'importe qui aurait pu faire ça" qui fait toute la différence.
Anyway. J'pense bien que j'm'en suis bien tirée avec ce mini-film-là, pour une fille qui trippe pas trop sur la non-narration. J'pourrai dire un jour que j'ai fait un film abstrait sur de la musique abstraite, et que j'ai même eu un peu de fun à le faire.
Pour clôturer, une belle histoire de SAQ, puisque ça vous manque sûrement. Haha.
Lundi dernier, je travaillais de soir et je faisais du stock sur le plancher. Y a un bonhomme qui s'avance vers moi, un noir dans la cinquantaine, je dirais, et qui me demande si je peux lui conseiller un vin pour aller avec un repas "salé, vinaigré et mayonnaisé." Je lui demande s'il y a de la viande dans son repas, oui il y en a, du hareng en fait. Je lui suggère donc un vin blanc. "Ah, mais je connais pas beaucoup le vin blanc," qu'il me dit, "j'pourrais avoir une bouteille de rouge aussi?" Bien sûr monsieur, donc je lui suggère une bouteille de rouge et je lui tends les deux bouteilles. Il me fait une drôle de face.
- Deux bouteilles?! Ça fait beaucoup de vin pour une seule personne!
- ...Ah? Mais j'avais cru comprendre que vous en vouliez deux...
- Ben, à moins que vous veniez souper avec moi. Allez, j'vous invite!
- (Ah non, encore un freak de ce genre) Non, merci.
- Allez! Que faites-vous ce soir?
- ...Je TRAVAILLE?
- Jusqu'à quelle heure?
- Je finis tard, monsieur.
- Tard? Héhéhé, c'est quoi, tard, cinq heures du matin?
- (Soupir) Non, dix heures.
- Mais c'est pas tard! Vous pouvez venir me rejoindre ensuite.
- Non, merci, ça va, de toute façon j'ai des devoirs qui m'attendent.
- Des devoirs? En plus du travail? Mais c'est beaucoup trop de choses pour une seule personne!
- ...
- Vous êtes amoureuse aussi?
- OUI. (Bon, je voulais pas lui faire de peine, mais il insiste trop, là.)
- ...Ah... merci.
Ensuite il est allé payer une seule des deux bouteilles et il est finalement parti. Tu parles d'une ténacité! Normalement, ils abandonnent au premier "non," mais lui, il voulait rien savoir. C'est la première fois que je me fais offrir ça sur mes heures de travail, en plus. Y a du monde weird.