lundi 11 août 2008

Désolée si c'est moins drôle qu'à mon habitude.

Bon, j'ai attendu plus qu'une journée, mais me voilà donc.

C'est vraiment bizarre comme feeling. Plus tôt dans la semaine, je m'étais demandée comment je réagirais si y avait un hold-up. J'vous le dis tout de suite, y a aucun moyen de savoir. Tu réfléchis pus, ton corps bouge tout seul, et après ta mémoire te fait défaut.

Il était 8h30PM, une demie-heure avant la fermeture, et je travaillais à la SAQ du centre d'achats Maisonneuve, à côté du Canadian Tire. La journée avait été vraiment plate, y avait pas eu un maudit chat. J'étais seule à la caisse, les deux autres employés étaient dans le fond du magasin avec les quelques rares clients. Je barbouillais sur un bout de papier pour passer le temps.

J'entends la porte qui ouvre, donc je me retourne pour voir qui c'est (réflexe pour spotter le monde louche à l'entrée), et là deux grands gars entrent en me regardant. Ils portaient des cagoules blanches qui avaient l'air d'être gossées maison dans des vieilles tuques. Là, j'me rappelle m'être dit, "Bon, kessé ça les deux clowns?" Pendant de longues secondes, j'ai cru que c'était une mauvaise joke. Ils sont venus en courant vers la caisse; le plus grand des deux vient derrière moi et il me dit "On te fera pas mal, ouvre ta caisse, donne-nous le cash." L'autre gros est resté derrière le comptoir pour bloquer l'accès aux clients. Il avait un fusil.

J'ai failli dire "Tu m'niaises?" mais mon premier réflexe a été de me diriger vers la caisse la plus proche de la sortie pour l'ouvrir. À retardement, j'me rends compte qu'elle est déjà vide. J'ouvre donc la mienne, et c'est quand je l'ai vu piger dedans que j'ai réalisé que non, en effet, c'était pas une joke. Y avait une troisième caisse pleine de cash à l'autre bout, et je lui aurais ouverte s'il me l'avait demandé, mais il a rien dit d'autre.

Le gros a serré son gun dans son chandail (j'ai jamais vu le gun; quand il l'a serré, je pensais qu'il faisait semblant d'en avoir un sous son chandail, avec sa main), et ils sont partis en courant et sont embarqués dans une camionnette. J'ai regardé les employés dans le fond, qui avaient rien vu du tout, et j'ai dit en haussant les épaules comme si c'était bénin, "Caaaaaarl, j'viens d'me faire hold-upper..." Là, y a un client (le seul qui a vu le gun) qui m'a dit de prendre la plaque de la camionnette qui venait de démarrer, ce que j'ai fait. Mais à partir de ce moment-là, si on me disait pas quoi faire, je faisais rien. C'est comme si mon cerveau avait arrêté de fonctionner et que mon corps restait miraculeusement debout.

Les autres ont fermé le magasin, ils m'ont dit d'aller m'asseoir (je leur ai répondu: "Ah oui, c'est une bonne idée..."). J'suis allée m'asseoir dans le bureau, dans le fond, tuseule, et j'ai attendu en regardant dans le vide. Mes jambes étaient toutes molles et mes mains tremblaient. On a appelé la police, j'ai dû faire une déposition, décrire la scène, on a regardé les vidéos (et oui, le gars avait bel et bien un fusil), et à environ 10hPM, les policiers m'ont donné un lift jusque chez nous.

J'ai vraiment décrit la scène tout croche. J'aurais cru mieux m'en rappeler. J'ai dit qu'ils étaient entrés par la sortie, alors qu'ils étaient entrés par l'entrée; j'ai dit qu'ils avaient pas de gants alors qu'ils en avaient; j'ai cru que leurs cagoules dévoilaient leurs bouches, mais non. Après un bout, j'ai dit aux policiers, "Je sais pus. Je raconte n'importe quoi." Apparemment que j'ai été très calme et très bonne pour décrire, mais moi j'en avais pas tellement l'impression.

Aujourd'hui, quand j'y pense, j'ai des palpitations, je stresse et j'ai même envie de pleurer juste à l'idée de remettre les pieds là. C'est vraiment étrange. Pourtant, j'ai été chanceuse dans ma malchance; j'ai pas vu l'arme, ils m'ont pas gueulé après ou touchée, et ils étaient relativement calmes. Ça aurait pu être bien pire. Ça empêche pas le fait que ça m'a pris tout mon p'tit change pour appeler à matin et leur dire que je veux pas rentrer travailler demain.

8 commentaires:

Anonyme a dit...

Wow, Sam. Même si tu dis que tu faisait rien, t'as tres bien réagi.
Tout un choc nerveux, par contre.
Je te souhaite que ton moral revienne. Prends ca mollo dans les prochains jours.

Lène

PS: oui oui, je lis ton blogue.

Boum a dit...

Aw t'es fine, merci. Mon moral va assez bien, mais faut que je me tienne occupée pour pas y penser. Je dors pas vraiment, et j'suis étrangement pas fatiguée. Je suppose que c'est une réaction normale.

<3

Phil a dit...

J'ai travaillé dans un subway longtemps et moi aussi, je croyais savoir comment j'aurais réagi à un hold-up... mais après avoir lu ça, j'imagine que j'aurais eu une réaction similaire.

fait attention à toi, et j'espère que la prochaine anecdote sera plus joyeuse!

Boum a dit...

Oh, j'en ai un tas d'anecdotes plus drôles, et elles s'en viennent :) Merci!

Marie-Christine Barrette a dit...

whou, c'est assez spécial comme journée...

J'espère que tu va être capable de retourner travailler après un peu de repos et de calme~

Boum a dit...

Merci... c'est ce que j'essaie de faire, prendre du temps pour moi.

Anonyme a dit...

ce que je cherchais, merci

Boum a dit...

???